SAMIR BOUMEDIENE Chargé de recherches CNRS à l’ENS Lyon

Les liens de la dépendance. Mise au travail et consommation de coca dans les Andes (XVIe – XVIIe siècles)

Utilisée par les habitants de l’Amazonie et des Andes à des fins rituelles autant que médicinales, la feuille de coca est, avant la conquête espagnole, un aspect déterminant de l’organisation de l’empire inca. Sa circulation médiatise certains échanges de biens et sa production est au coeur de divers rapports de sujétion. L’installation, à partir des années 1530, du pouvoir espagnol transforme profondément le rôle joué par la coca.

Combattu en raison de son lien avec l’ « idolâtrie » indigène, et des problèmes sanitaires que posent sa production et sa consommation, l’usage de la coca est aussi encouragé parce qu’il peut stimuler le travail des mineurs, notamment à Potosí. Cette disparité peut à la fois être interprétée comme une contradiction interne à l’exercice du pouvoir et une modulation qui permet de le perpétuer. L’histoire de la coca aux XVIe et XVIIe siècles permet ainsi d’illustrer les tensions de la politique des drogues dans ce qu’elle a de plus moderne. Elle montre en particulier comment la volonté de rendre des personnes dépendantes d’un produit peut, en retour, les rendre dépendantes à la logique du marché.

Mais l’histoire de la coca montre aussi comment l’attachement à une plante peut permettre de résister ce type de logique et à se défaire des liens de dépendance qui l’instituent.

Les liens de la dépendance. Mise au travail et consommation de coca dans les Andes (XVIe – XVIIe siècles)