Entre ombre et lumière: les addictions, aliénation ou structure de résilience? Relation de dépendance, relation thérapeutique? Drogues, mondes virtuels, religions
Simona Taliani Anthropologue
Ethnopsychologie clinique et migrations : «calembours de choses», femmes nigérianes et souffrance psychique
Maladie, souffrance, confusion, panique : quelle que soit leur histoire particulière, il est toujours question, dans le récit des femmes nigérianes que je rencontre au Centre Frantz Fanon ou dans des services psychiatriques de la ville de Turin (nord de l’Italie), de sorcellerie, et d’un ou plusieurs objet(s)-fétiche. Ces objets de nature variée sont constitués de toutes sortes d’ingrédients, tels que cheveux, poils pubiens, ongles, pertes menstruelles, sang d’animaux sacrifiés, etc.
Or, même si les femmes étaient parfaitement consentantes au moment de leur fabrication, le vaudou ou juju provoque en elle une véritable terreur lorsqu’elles comprennent sa fonction, son objectif, sa durée et sa violence, autant de variables désormais indépendantes du propos originel, et qui vont bien au-delà de leur volonté ou de leur désir. En prenant vie de manière autonome, l’objet fabriqué prend à son tour vie en elle, dans un vertige d’angoisses, de cauchemars, de fantômes.
On peut alors considérer le fétiche comme ce qui, par son statut et son lien avec l’individu, expose ce dernier à de graves risques psychiques – alors que la psychanalyse y voit un objet capable de préserver le sujet d’une angoisse de castration tolérable uniquement au prix d’un compromis extrêmement couteux.