RAT du RAT, RAT du RAT Décembre 2016
Publié le 15/12/2016

Ce mois de septembre a été rythmé, pour moi, part deux évènements important. Tout d’abord, le départ de Moncef a impliqué des changements dans notre travail. En effet, comme il s’occupait de l’animation de nos modules de sensibilisation, Alexandra et moi avons repris cette tâche et donc lancé un premier module ensemble. Ensuite, il y a mon inscription au cycle XX  de la Formation à la Psychothérapie Psychanalytique Adulte de l’IFISAM (Institut à la Formation à l’intervention en Santé Mentale). Cette formation de quatre ans a débuté cette rentrée.

A la sortie de mes études, je ne voulais entendre parler que de systémique. Me voilà, bien des années plus tard, lancée dans une formation analytique.

En travaillant autour du module de sensibilisation, je relis les notes prises durant le dernier module animé par Moncef, tout son apport systémique me revient comme un boomerang.

C’est dans des mouvements bien paradoxaux, de réassurance, de rapprochement et de mise à distance, que je décide de redécouvrir un livre écrit par Guy Ausloss, psychiatre systémicien, « La compétence des familles »[1]. Moncef y faisait fréquemment référence et ce psychiatre avait été important dans ma formation d’assistante sociale. Une de ses conférences m’avait touchée. J’en étais ressortie pleine d’énergie et de confiance pour continuer à apprendre la rencontre avec les patients. Pourquoi ne pas relire ce livre pour attaquer tout ce qui m’attend ? Après quelques pages, j’ai constaté avec surprise que je ne l’avais en fait jamais lu. Après la conférence, je l’avais soigneusement laissé fermé durant plus de 15 ans. Il est peut-être temps de le découvrir.

« Gabriel Marcel, dans une de ses conférences dont je n’ai pu retrouver les références, distinguait problème et mystère. Pour lui, le problème peut être considéré comme extérieur au sujet, peut donner lieu à une réponse objective, se poser de façon identique pour tous ; le mystère, quant à lui, m’implique inévitablement en tant que personne et ne comporte pas de réponse définitive.

Pratiquer la thérapie n’est pas résoudre des problèmes ou corriger des erreurs mais se plonger dans le mystère des familles et de la rencontre. Ceci implique de passer d’une thérapie où le thérapeute observe à une thérapie où le thérapeute s’observe pour refléter à la famille compétente cette perception qui permet de laisser émerger l’ « autosolution ». »[2]

Ne sommes-nous pas effectivement plongés quotidiennement dans le mystère de nos patients ? La clinique de la dépendance est difficile dans son agir en . Les patients nous poussent à trouver des solutions. Ils s’en cherchent tant. Ne serait-il pas plus simple de leur donner des recettes ? N’avons-nous d’ailleurs pas été formés à en trouver ?

La lecture de ce livre m’a permis de continuer à croire en la nécessité, pour nos patients, à toujours se plonger dans leur mystère. Guy Ausloos aborde le long de différents chapitres, sa façon à lui de le faire. Il nous invite à nous laisser pénétrer par ce mystère.  Sa force est de le faire à travers un langage accessible. Ses apports théoriques ne sont pas jargonnant. Sans être dogmatique, il permet de dégager des pistes.

Il a une écriture jalonnée d’histoire de patients, d’associations qui peuvent rester des images dans notre clinique. Différentes idées sont développées dans ce livre. Elles valent la peine d’être découvertes. Avec 15 années d’écart, j’ai pu le lire et donc le réentendre autrement. Il donne toujours envie de continuer cette aventure du soin.

Je vous livre deux extraits qui m’ont parlé et qui ont fait échos avec notre clinique.

« On reconnaît là la bonne vieille technique du judo : utiliser la force de l’adversaire au lieu de la contrer. Ceci suppose de s’occuper de soi et de son confort pour être capable d’utiliser au mieux les techniques d’interventions qu’on a rodées »[3]

« Lâcher-prise, c’est abandonner ses constructions théoriques  au vestiaire pour pouvoir les reprendre en sortant, c’est se jeter à l’eau sans savoir où l’on va, mais en sachant très bien nager et en étant convaincu qu’on ira quelque part »[4]

Voici ma petite parenthèse systémique avant mon aventure analytique. Finalement, Moncef aura participé à ce que cette dernière puisse commencer !

 

Par Frédérique Cox

[1]Guy Ausloos, La compétence des familles : Temps, Chaos, processus, Ramonville Saint-Agne, éres, 2002 (1 ère édition 1995), (Coll.Relations).

[2] Ibidem, p 19

[3] Ibidem, p 96

[4] Ibidem, p. 113