RAT du RAT, RAT du RAT Avril 2017
Publié le 14/04/2017

Il y a quelques mois, je découvrais le site internet Aliexpress, suggéré par quelques personnes de mon entourage. Il s’agit d’un site chinois de vente en ligne qui, si j’ai bien compris, propose une plateforme à des vendeurs indépendants pour vendre leurs articles à n’importe qui dans le monde. Je ne pense pas qu’il s’agisse, comme le pensent certains, du pendant asiatique d’Amazon ; les objets en vente sont exclusivement neufs, et il y a absolument de tout (vêtements, bijoux, gadgets, produits de beauté, accessoires électroniques, matériel de bureau, lampes, déguisements, meubles, etc.). L’idée est intéressante : les articles sont extrêmement bon marché, la livraison est généralement gratuite, les vendeurs et les articles bénéficient de cotes données par les clients – ce qui apporte une certaine garantie – ; seule « ombre » au tableau : les délais de livraison sont assez longs (entre 3 et 8 semaines). J’ai commencé par acheter un article, en dessous de 1 €, pour voir comment ça fonctionnait. De fil en aiguille, au fur et à mesure du succès de mes achats, je me suis mis à acheter de plus en plus d’articles. La plupart du temps en dessous de 3 €, mais deux ou trois fois entre 5 et 10 €. Quel plaisir d’acheter en ligne ! Ne pas devoir se déplacer, acheter des choses dont on n’a pas besoin pour quelques dizaines de cents, pouvoir faire des recherches par mots-clés plus ou moins arbitraires, et la joie d’avoir des petits paquets dans la boîte aux lettres, redécouvrir le plaisir d’attendre le facteur… J’ai commencé à en parler autour de moi, à convaincre des personnes d’aller jeter un coup d’œil sur Aliexpress ; mes collègues, mes colocataires, ma famille. Aujourd’hui, il passe rarement une semaine sans que j’achète au moins un article sur ce site. Cela me pose plusieurs questions…

Ne s’agit-il pas d’une addiction ? J’en ai besoin, je le pratique couramment. J’essaie de convaincre d’autres personnes de partager cela avec moi, il m’arrive même de me réjouir quand quelqu’un autour de moi trouve de chouettes articles ou reçoit un colis. Je dépense de l’argent pour cette « dépendance », bien que ça ne soit pas exagéré au vu des montants que je m’autorise à dépenser, mais depuis six mois je dois quand même approcher des 100 € de dépenses. L’éthique laisse à désirer, comme pour les drogues encore une fois, car si les prix sont si petits, je n’ose pas imaginer comment sont payés les commerçants et fabricants. Ceci dit, acheter chez H&M ou Ikea n’est pas plus éthique, les coûts de production doivent être approximativement les mêmes ; il n’y a simplement pas, dans le cas d’Aliexpress, de gros PDG pour s’en mettre plein les poches… Ou peut-être que si ?

Alors, que faire avec cette addiction ? Tenter de me sevrer, d’arrêter ? Ou accepter que, finalement, avec de la mesure, les addictions font partie de notre quotidien et peuvent, à l’instar du chocolat par exemple, procurer du plaisir sain ?

 

Par Lydie De Backer