RAT du RAT, RAT du RAT Avril 2018
Publié le 24/04/2018

La Géorgie, aussi grande que la Suisse et située entre l’Asie et l’Europe, connaît une histoire tourmentée. Dominée par de multiples envahisseurs, Perses, Romains, Arabes, Mongols, elle se défendra jusqu’à obtenir son indépendance en 1991.

La Géorgie reste une zone stratégique traversée par des oléoducs et un gazoduc, indispensables pour les occidentaux, ce qui explique en partie la guerre de l’été 2008 avec les Russes.

Cette indépendance n’est pas sans effet.  Plusieurs reportages sur la capitale,  Tbilissi, lieu des centres de contre-culture géorgienne, montrent une jeunesse en pleine ébullition avec des rêves d’avenir, de libertés sexuelles et de musique électro : l’Europe qui fascine. Face à eux : les anciens, plus nostalgiques de Staline et de l’Eglise.

Un tiers des Géorgiens a moins de trente ans !

Après l’indépendance, période de fragilité socio-politique et économique, la drogue et les trafics arrivent.

« À Tbilissi, tout le monde est bourré partout et tout le temps » dit le photographe géorgien Giogi Nebieridze, qui photographie l’univers des Géorgiens toxicomanes.

Il semble que les forces de l’ordre appliquent très durement, et dans son sens premier du terme, la loi. Un fait divers remue la population et relance le débat en octobre 2017 : le suicide d’un jeune homme de 22 ans après avoir été maltraité par la police.

Le contexte des élections invite les partis à se pencher vers une décriminalisation des drogues douces.

Le cadre légal en Géorgie est tout d’abord axé sur la tolérance zéro et est très punitif :

Depuis 2006, pour toute possession ou consommation même en faible quantité : une amende représentant le double du salaire moyen d’un Géorgien. La récidive ajoute à l’amende une peine d’un an minimum de prison.

Ils peuvent se voir également interdire l’accès à certaines professions, interdits de passer le permis de conduire. Tout est fait pour être coupé de la vie sociale pendant un long moment.

Depuis 2007, des tests en masse sont rendus obligatoires, ce qui a provoqué un changement de comportement des consommateurs qui se sont repliés chez eux. Le risque d’overdose augmente : un certain nombre consomme du « Krokodil », mélange d’héroïne, de codéine, d’essence et de solvant.

C’est peut-être dans ce contexte que les Géorgiens migrent vers l’Europe, entre la crainte d’être pris et le rêve d’avenir et de liberté.

 

Par Virginie Desmet