Voici se profiler notre colloque annuel, dont la date se rapproche insensiblement. Noël et les fêtes de fin d’années nous en séparent encore et rendent un peu floue la représentation que nous pouvons nous faire de ce moment, toujours très investi par l’équipe.

Et bien sur, pour notre réseau, le clou de ce moment se passe lors du « lunch médecin », lieu où beaucoup d’entre nous sont présents, et où il nous parait important que l’actualité de nos diverses cliniques se retrouve et puisse être partagée.

Comme pour le choix du thème du colloque, l’actualité, hélas, est largement fournie en questions sans réponses, occasions de débats multiples, et souvent, si pas fructueux quant aux « solutions » qu’ils proposent, fructueux de par la variété d’associations, de réflexions et d’ouvertures qu’ils peuvent amener.

Cette année, pour rester dans le fil du thème du colloque tout en le déclinant au plus près de notre travail clinique, nous avons choisi pour thème :

« Rencontres cliniques: quand les religions et les croyances viennent s’en-mêler ».

Souvent nous réalisons que pour des raisons qui nous sont inconnues, la médecine reste impuissante à soigner des pathologies pourtant apparemment simples et soignables. Il en est particulièrement ainsi des pathologies liées à l’addiction, pour ce qui nous concerne.

Mais la logique avec laquelle nous regardons le symptôme et proposons un traitement se heurte parfois de front à des croyances, des présupposés, voire parfois une religion, propre au patient, qui de ce fait et malgré parfois une évidente bonne volonté, manque de ce que nous appelons « compliance »…

Ce sont des choses que l’on a toujours vues, et qui étaient autrefois le plus souvent attribuées à l’inconscient du patient sous le vocable « pathologie fonctionnelle », ou « psycho somatique », …  et nous étaient (relativement) familières.

Aujourd’hui les heurts sont parfois bien plus culturels qu’on ne le pense, et il peut s’agir moins de « résistance », que de mauvaise compréhension, ou d’interprétation culturelle ou religieuse complexe, voire de refus de traitement au nom d’une idéologie. Le refus de compliance est alors très conscient, ce qui le sera moins ce sont les jeux d’influence et de loyauté, internes au patient, qui le motivent dans ses choix. Et il est souvent difficile dans le monde au sein duquel nous vivons de rester en contact avec ce qu’on pourrait appeler « le deuxième degré » dans le chef du patient, et la riposte est ainsi plus souvent convoquée que l’accueil de l’interrogation sous-jacente, et l’élaboration d’une « réponse » ou d’un projet thérapeutique commun.

En s’inspirant de ce qui aura été dit le matin et de nos rencontres cliniques, nous réfléchirons ensemble à la place que l’on peut donner dans la consultation, au projet du patient et à la quête de sens qui lui est propre.

Nous aurons l’occasion d’y repenser largement, ensemble, lors de ce « lunch médecin ».

 

Par Claire Remy